Poésie " Le Temps perdu " par Rémi dit Pilatom
Le temps perdu
Dans la nuit bleutée
Seul le vol feutré
De quelques oiseaux nocturnes
Vient troubler sa solitude
Elle griffonne avec nervosité
Des mots d'encre volatiles
Sur un papier froissé
Celui qu'un soir d'été
Il avait soudain jeté
Dans l'air du temps
Emporté par le vent
Comme une bouteille à la mer
Qu'elle avait trouvé
Par miracle sans doute
Improbable hasard
Elle est seule, trop seule
Maison bien grande
Murs épais silencieux
Et cette chambre en chantier
Le vieux portail à remplacer
La fenêtre qui ne ferme pas
Le chien qui la regarde
Ecrire cette absence
Se laisser porter
Par l'opium des jours passés
Elle se souvient
Du parfum jasmin
Qui aiguise les sens
Paroxysme d'indécence
Insupportable abstinence
L'absence qui foudroie
L'adieu à Byzance
Il lui disait : tu es moi
Sentir son souffle léger
Elle lui répondait - la nuit est calme
Devenait fruit de sa passion
Déesse de l'amour tombée
Dans ses serres veloutées
Elle se laissait envoûter
Dans le désir succomber
Par la douceur de ses baisers
Faisons un bébé, là maintenant
Les jours passent si vite
Sinon il aura honte
De ses parents trop vieux
Elle lui avait dit si souvent
Lui répondait en riant
Mais on a bien le temps
Depuis il est reparti
Rejoindre son régiment
Loin là-bas où règnent
Misère et terreur
Au Boulevard des horreurs
La haine du temps foutus
C'est sûr il reviendra
Un peu plus fatigué
Peut être médaillé ou pas
Aura t'il encore la force
Et si le capricieux destin
Accepte de lui donner le temps
De faire un bébé
Rémi dit Pilatom texte protégé 23/05/2017