Poésie "Lou" par Rémi dit Pilatom
Lou
Bercée des flots d’Orphée, Lou frôle la note
Son vieux piano pleure, la mort d’Eurydice
Un chagrin d’alcôve, sa triste litote
Reste enfermée, la lie jusqu’au calice
Coulent sur les murs, les notes d’arpège
De son innocence, journée pour s’oublier
Joue et continue, chasse ce sortilège
Cheveux tirés, elle est en vieux déshabillé
Lou ne pense plus, part dans un grand voyage
Elle étreint sa musique, regard vide
Lui fait l’amour, un dérisoire naufrage
Bradant son corps, aux abîmes sordides
Elle ne s’appelle plus Lou, mais Eurydice
Mordue par les serpents, de jolies fleurs en main
Pour son Orphée, elle irait au sacrifice
Attendre l’aimé, espérer un lendemain
Alors Lou jouera, toute la nuit brûlante
Perdue en enfer, obsédée démoniaque
Elle se voulait fondre, en lui son amante
Rêve fragile, soumise insomniaque
Tournant les talons, la nuit se couche
Volets mi-clos, perce un rai de lumière
Le vieux piano abdique, vol d'une mouche
Lou s’endort, elle attend son printemps d'hier
Rémi dit Pilatom texte protégé 05/02/2017